Richard Meier entre hangar et salon de thé

La poésie – menue et hachée – en transfert entre Pékin et Paris, virelangue pour le fesse-thym offert à Meier en tant qu'hôte – Saké gratuit – dans un bouge bordel où un gay-chat – mais il n'est pas le seul – introduit dans l'en pire du milieu, où chien et loup ajoutent au clerc l'obscur qui s'amuse à court-circuiter divers courts-bouillons où chaque homme, tel un canard, rit jaune.
Pour Meier, dans ce livre,il y a de la voix, des pays forains ou d'ici  (Hôtel du Nord et de l'Orient compris) mais surtout et vraiment  un style emportant une nuée de figures, d'images et de mauvaises pensées. La poésie est donc bien du chou avant toute chose. 
Existent aussi des champignons, du Chop Suey, de la joie de filles au clitoris chinois. Reprenons ainsi à propos de Meier la fameuse formule de Lacan (Là où ça parle, ça jouit, et ça sait rien) mais pour un tel poète elle n'a rien d'une position doloriste : elle reste plutôt kamasoutresque.
Écrire n'est donc pas un martyr, ni une radicale ascèse. C'est une partie de plaisir. Et une telle activité extrade toute expérience mélancolique.
Certes le lecteur devient effrayé des bas fond de son être – d'autant que Meier le tisse de barbarie. De fait il est ouvert à perd-pied sur la rumeur de l'inconscient et reste pulvérisé  par la débâcle des corps , des bouges et des vertus  d'aliments (cochon de Guangzhou compris).
Cela ne mange pas de pain diront certains. Mais consoles le disent. Ici vit   l'atomisation de bien des matière"s (verbale surtout). Tout file loin de l'air  frais (fermentation du chou dans l'estomac oblige. Existe une quasi petomania dans la machination désaccordée mais géniale d'une telle scansion énergumène.    

Jean-Paul Gavard-Perret

Richard Meier, Chuinter  Chou'Chinois  de la table au bordel de la langue, Éditions Voix, mai 2024, non paginé, 15€

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